Votre nouveau-né et l’ostéopathie.

Thématiques : Paroles de spécialistes

Consultez un ostéopathe pendant la grossesse pour préparer l’accouchement,
et après la naissance pour favoriser le bon déroulement de la croissance de bébé, ainsi que sa mobilité.

Olivier Darmont, ostéopathe à Paris, est diplômé du Collège Ostéopathique Européen (COE), pour se spécialiser en périnatalité en participant à de nombreux séminaires sur la prise en charge de la femme et du nourrisson en ostéopathie. Il est cofondateur, avec un confrère ostéopathe, de l’association O.S.E. (Ostéopathie Solidarité Enfance) visant à développer la prise en charge ostéopathique pour les nourrissons dans les maternités hospitalières de Paris.

portait Olivier Darmont

Olivier Darmont

L’ostéopathie in utero ?

femme enceinte recevant un soin chez l'ostéopathe

L’ostéopathie in utero est bénéfique pour le bébé parce que l’ostéopathe va permettre à l’embryon d’avoir autant de place que nécessaire. Il va tout mettre en œuvre pour que la cohabitation se fasse au mieux, que la maman laisse assez de place au fœtus pour bouger quand il le souhaitera, et que le bébé n’oblige pas la maman à se retrouver dans des postures inconfortables.

L’ostéopathe va détendre les tissus du ventre de la maman afin de permettre au bébé d’avoir suffisamment de place le moment venu pour se retourner facilement. Le travail ne se fait pas directement sur le fœtus, mais sur la maman, et donc sur l’environnement du fœtus, de façon à rendre la grossesse la plus physiologique possible.

Pourquoi consulter avec bébé ?

L’ostéopathie intervient chez le nourrisson pour permettre le bon déroulement de sa croissance, en s’assurant de la qualité de mobilité du bassin, du crâne, du thorax et des membres inférieurs et supérieurs, et ce dans une entité globale. L’objectif est de favoriser le meilleur équilibre possible pour pallier les contraintes d’un accouchement traumatique ou non.

L’ostéopathe a un rôle préventif et curatif chez le nouveau-né. En effet, le nourrisson est accompagné dans la découverte de la mobilité, de la respiration, de la digestion, de la conscience du corps et du travail qu’il doit lui-même appréhender.

Le processus de la naissance est un grand traumatisme pour le nouveau-né. Sa tête est particulièrement malléable et subit d’intenses pressions, parfois prolongées, qui ont modelé parfois le crâne du bébé. L’ensemble de son squelette et de ses organes présente une relative immaturité et est plus ou moins équilibré en fonction du terme de l’accouchement

Quand consulter ?

Le moment idéal pour une première consultation est entre le 10e et le 15e jour de vie, parce que c’est suffisamment longtemps après l’accouchement pour que le bébé ait eu le temps de digérer l’accouchement, qu’il ait été traumatique ou pas, et c’est encore assez tôt pour prévenir d’éventuels blocages et préparer la mobilité du corps du bébé, que ce soit la rotation de la tête, les hanches, sa respiration.

L’ostéopathe va vérifier tous les paramètres de mobilité du nourrisson.

Si l’ostéopathe ne détecte aucun problème et constate que le bébé va bien, il ne le reverra alors qu’au moment de la diversification alimentaire, soit vers 4 mois et demi. Cette consultation permettra de faire le point sur les premiers mois de vie du bébé et sera axée sur l’environnement thoracique et stomacal, du bébé, ainsi que sur son port de tête, en vue de la nouvelle étape qu’il aborde, soit l’ingestion de nourriture solide.

Pour quels maux ?

un bébé chez l'ostéopathe

Les indications de consultation sont notamment :

  • La prématurité : naissance avant 37 semaines d’aménorrhée qui sera souvent synonyme de fragilité de la tête et d’immaturité structurelle et viscérale.
  • La post-maturité : naissance 8 à 10 jours après le terme prévu de la grossesse avec les problèmes que peut entraîner l’excès de pression subie par le nourrisson pendant la grossesse.

Les indications peuvent être aussi liées à :

  • la durée de l’accouchement, comme une naissance trop rapide (moins de 2 heures) ou à l’inverse trop longue (plus de 8 heures),
  • un accouchement retardé volontairement,
  • une naissance gémellaire,
  • une présentation du bébé par la tête, par la face, le front ou le siège lors de l’accouchement, 
  • ou alors l’enroulement du cordon autour du cou,
  • ou encore suivant les diverses interventions survenues pendant l’accouchement, comme une césarienne après un long travail, l’usage de forceps, de ventouses, de cuillères, de spatules, de tractions doigts dans la bouche ou de pressions sur les membres et sur la tête.

Enfin, il est judicieux de consulter en cas d’altération de l’état de santé du nouveau-né et en cas de plagiocéphalie (déformations crâniennes), torticolis congénital, troubles du sommeil, troubles digestifs, cris ou pleurs excessifs, en cas de souffrance fœtale ou de réanimation.

Les bébés plus réceptifs ?

La séance de consultation en ostéopathie est un moment privilégié pour les parents, pour le thérapeute et pour le bébé. Bien sûr, il y a des règles de base à respecter, il faut choisir le bon moment, le bébé ne doit pas avoir la couche pleine, ça ne doit pas être l’heure du biberon…

C’est au thérapeute de faire en sorte que le bébé soit réceptif, ils ont tous cette faculté, parce que l’intervention de l’ostéopathe va leur faire du bien. Les parents sont souvent surpris de voir leur bébé se laisser aller au moment alors qu’il peut être en général moins réceptif.

Un traitement ostéopathique empêcherait des perturbations durables de s’installer.

Le cas particulier de la plagiocéphalie

On parle souvent de plagiocéphalie chez le nourrisson, qu’est-ce que c’est ?

un bébé chez l'ostéopathe

La plagiocéphalie est une asymétrie du crâne du bébé. Le crâne, qui est malléable à la naissance, est composé de membranes qui sont mobiles pour faciliter le passage lors de l’accouchement puis par la suite pour laisser la place au cerveau de se développer.

La plagiocéphalie est une altération de cette mobilité. Il y a deux types de plagiocéphalie. Il y a celle qui est dite positionnelle, c’est-à-dire qu’elle est due à la position du bébé, soit à cause d’un torticolis, soit parce que le bébé a un côté préférentiel. Il va laisser toujours sa tête dans la même position et le crâne, malléable, sous l’effet de la pression exercée va s’aplatir à cet endroit en épousant la forme du lit où est couché le bébé.

L’autre type de plagiocéphalie est celle qu’on appelle la craniosténose et elle est due à une soudure entre deux membranes. Ce cas-là est une contre-indication au travail ostéopathique et appelle une indication chirurgicale.

Parmi les plagiocéphalies sur lesquelles l’ostéopathe peut intervenir, on retrouve très souvent la brachycéphalie, c’est-à-dire la tête plate à l’arrière de la tête, à l’occiput. Cette déformation est très fréquente parce que depuis les années 90, le corps médical recommande unanimement de coucher le bébé sur le dos pour éviter la mort subite du nourrisson.

Il n’est bien sûr pas question de remettre en cause cette recommandation, mais il faut bien admettre qu’elle a favorisé l’apparition de ce type de plagiocéphalie. Or, cette déformation n’a pas que des conséquences esthétiques, elle peut avoir des effets désastreux sur la croissance du bébé, sur la sphère ORL avec des otites à répétition, des problèmes d’œil fermé, d’alimentation, et elle peut aussi être à l’origine de scoliose puisque l’architecture de la colonne vertébrale est dépendante d’une bonne mobilité craniocervicale. L’occiput est le centre d’équilibre de l’enfant.

Comment prévenir ce phénomène ? Comment l’atténuer ?

Alors, d’abord, aucune pression, il n’y a aucune culpabilité à y avoir pour les parents, c’est au corps médical de détecter ce genre problème et d’orienter vers un ostéopathe.

Les parents, toutefois, peuvent beaucoup intervenir en prévention. Certes, le bébé doit dormir la nuit sur le dos, mais dans la journée, rien n’empêche les parents de porter le bébé, de lui faire changer de position, de le mettre sur le ventre, de le stimuler pour qu’il tourne sa tête autant à gauche qu’à droite. Ils peuvent aussi faire des turnovers, c’est-à-dire placer le bébé la tête au sud et les pieds au nord et ensuite inverser pour qu’il ne soit pas toujours attiré du même côté parce qu’il y a une fenêtre ou n’importe quoi d’autre.

La nuit, on le laisse tranquille, pas de cale-tête, mais c’est dans la journée que la stimulation est importante parce que le bébé sera lui-même à l’origine de ses mouvements, ce qui les rendra plus efficaces. Le travail de l’ostéopathe sera de s’assurer de la bonne mobilité des membranes crâniennes du bébé, qu’il n’y ait pas un côté figé, coincé. Il va chercher à rendre le crâne le plus mobile possible pour que le bébé puisse bouger comme il veut.

Quant aux casques qu’on fait parfois porter aux grands bébés, après 5 mois, on n’y aura recours que si le traitement ostéopathique n’a pas fonctionné ou si le problème est pris trop tard, parce qu’il ne produira un effet que sur l’aspect esthétique de la tête plate, mais ne viendra pas travailler sur l’architecture du bébé ni corriger le déséquilibre interne.

Pour conclure, ce qu’il faut retenir, c’est que l’ostéopathie est très efficace chez les bébés, c’est sur cette population que le praticien a le plus de pouvoir et de marge de manœuvre

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